Dans notre serie des fêtes païennes de la roue de l’année, la fin de l’été annonce l’approche de Mabon. Les différents festivals des moissons permettaient autant de célébrer la fin du travail des champs que la capacité à faire face à l’hiver qui approche. Mabon est une dénomination moderne attribuée par Aidan Kelly à l’équinoxe d’automne et se déroule généralement les jours autour du 20 septembre. Lors de l’équinoxe, l’hémisphère nord et sud de la Terre reçoivent la même quantité de lumière.

Mabon, une fête formalisée par la Wicca
Selon les différentes traditions païennes, cette fête peut être assimilée à un « Thanksgiving païen » (pour les wiccans) ou une forme de « Pâques païenne » pour d’autres. On y célèbre la gratitude des vivres obtenus grâce au travail des mois précédents, mais aussi les sacrifices qui devront être fait pour survire aux mois plus difficiles qui s’annoncent. L’heure n’est en effet plus à l’abondance mais aux choix rationnels : il faut faire la part des choses en ce qui nous est nécessaire et ce dont on peut se passer.
Pour créer cette célébration wiccane d’un sabbat d’automne, Aidan Kelly s’est basé sur les Mystères d’Éleusis (festival sacré des moissons dans la Grèce antique), les mythes de Déméter et de sa fille Perséphone enlevée par Hadès. Pour harmoniser cette célébration avec les autres fêtes païennes du calendrier celtico-saxon, le conte celte de Mabon ap Modron (« fils de la Mère ») a permis de donner son nom à cette fête de l’équinoxe d’automne.
Aux origines de Mabon : Le mythe de Perséphone
Si l’on revient au mythe grec original, Déméter refuse de laisser pousser quoi que ce soit sur Terre tant qu’Hadès ne lui aura pas rendu sa fille. Perséphone ayant néanmoins partagé la nourriture des morts en mangeant six grains de grenade, elle ne peut plus regagner le monde des vivants. Déméter ne pouvant s’y résoudre, Zeus et Hermès (son messager), négocient une libération partielle de Perséphone afin d’éviter de provoquer une famine sur Terre. Perséphone peut ainsi revenir à chaque printemps et repartir en automne pour régner sur le royaume des morts auprès d’Hadès. Cette histoire permet de mettre en lumière l’importance qu’on toujours accordés les populations aux cycles naturels marqués par les équinoxes.



Symbolique et traditions de Mabon
Outre les célébrations des moissons, Mabon est également une fête plus subtile mettant en lumière la notion de sacrifice et de bien commun. Que ce soit allégorique ou symbolique, chaque année une figure de chef (la divinité ou l’un de ses symboles) se doit de perdre la vie pour permettre à son peuple de survivre. Qu’il s’agisse d’Osiris, de Dionysos, du roi Arthur ou de Jésus Christ, dans la majorité des croyances humaines on peut retrouver une figure de meneur qui se sacrifie pour la survie de son peuple. Mabon et ses pendants plus anciens comme fêtes des moissons revêtent donc souvent aussi une part de deuil.
Ce que l’on perd concrètement, c’est la lumière. L’équinoxe d’automne marque en effet le temps de la transition vers la période sombre et la fin des jours faciles et abondants de l’été. On garde donc à l’esprit à cette période que la vie est précieuse et qu’il faut la chérir et la préserver.
Même si les cadres de la fête de Mabon actuelle telle qu’on la connait ont été théorisés par la Wicca, de nombreux païens d’autres traditions célèbrent ce moment de l’année. Les néopaïens pour la plupart honore surtout le changement de saison et l’impact que cela peut avoir sur leur environnement personnel. Il s’agit d’un jour d’équilibre qui peut être marqué ou non d’un rituel, rien n’est formalisé à proprement dit. Les païens de tradition celtique quant à eux célèbrent la Fête d’Avalon (début de la cueillette des pommes), et les reconstructionnistes helléniques célèbrent Beodromion (fête du coucher du soleil à la première lune de septembre). Du côté des heathens et païens germano-scandinaves, on célèbre cette période de transition pour se préparer à l’hiver qui approche. Les traditions sont aussi nombreuses et variées que les païens eux-mêmes.



Des célébrations modernes : de l’Oktoberfest à Thanksgiving
Même si l’Oktoberfest, célèbre fête allemande de la bière, n’a pas d’origine à proprement païenne (célébration originale du mariage royal du Prince Ludwig et de Thérèse de Saxe en 1810), certains aspects sont proches d’un festival des moissons. Courses de chevaux, traditions agricoles locales, marché forain annuel à Munich… Les célébrations ne sont pas si éloignées de celles des païens sur cette même période de Mabon en septembre.
De l’autre côté de l’Atlantique, on fête Thanksgiving qui n’est autre qu’une adaptation américaine de Harvest Home (festival de moissons venant à l’origine des celtes d’Ecosse puis étendu aux païens européens). Fête païenne, adaptée dans une version chrétienne par les Pères pèlerins britanniques au XVIIe s. et devenue laïque par la suite, on y remercie les bienfaits reçus pendant l’année. Le repas traditionnel se partage alors en famille autour d’une dinde, d’une purée de pommes de terre, et d’une tarte aux pommes ou à la citrouille.



Et vous ? Etes-vous sensibles aux célébrations et symboles de cette période de Mabon ?
A lire sur le sujet :
Mabon : Rituels, recettes et histoire de l’équinoxe d’automne, par D. RAJCHEL
Nouveau calendrier païen, G.-C. DUCLAYE
C’est de façon presque inconsciente que j’apprécie particulièrement les beaux jours qui perdurent au début de l’automne, comme si l’été essayait de rester présent un peu plus longtemps. 🍁 Mais la couleur orange des feuilles et le soleil qui décline plus vite me pousse a profiter de façon plus intense des petits plaisirs du quotidien : déguster un thé fumant, prendre une douche plus chaude, cuisiner un Moelleux amande & cannelle… Une façon pour moi de faire le deuil de l’été et de célébrer la venu de prochaine de l’hiver.
L’une de mes célébrations favorites! J’ai moi aussi écrit un article sur le sujet. C’est vraiment chouette d’avoir précisé l’influence de la wicca sur cette fête!
merci pour cette article d' »histoire ».
j’adore l’automne et tout ce qui y est lié!